Meinungen und Urteile über Les Cloches de Bâle
Opinions et jugements sur Les Cloches de Bâle
- P.G. (1935)
- On se souvenait du "Paysan de Paris", en ouvrant ce livre.
Était-ce enfin là ce grand roman qui nous dépeindrait le monde d'aujourd'hui? la société? Érait-ce notre Balzac? Les premières cent pages du livre le laissaient croire, désespérante, mais hardie et vivante fresque d'une débordante pourriture... que, de-ci, de-là l'ardeur bolcheviste d'Aragon l'ait poussé à noircir peut-être, mais à peine. Et puis ces impostures, ces fausses amours, ces courses à l'argent, dont le répugnant prenait de la grandeur parce qu'il apparaissait vrai, - tout cela retombe à un fade reportage de grande information sentimentale de gauche, sur une histoire de grève sans intérêt.
- Georges Sadoul (1935)
- [...]
À ne voir de la réalité social qu'un seul acteur ou qu'une suite de décors, les romans se vident de tout contenu véritablement humain. On comprend le discrédit où ils tombèrent à lire les livres de ces madones de sleepings ou de ces dissecteurs de vague à l'âme, de ces montreurs d'un monde de pantins aussi fantastiquement ennuyeux que celui des bergers de l'Astrée. Sur la scène française, cependant, aujourd'hui comme en 1912, ce sont des pantins semblables aux pantins de ces romans qui s'agitent en pleine lumière.
Un des desseins d'Aragon, quand il écrivit Les Cloches de Bâle, a certainement été d'ouvrir le ventre à de telles poupées, tout en nous montrant pourquoi l'inquiétude se niche dans le crâne des intellectuels.
[...]
Ce roman de près de cinq cents pages, ce roman où les personnages, comme les épisodes se comptent par dizaines, ce roman où les esprits trop critiques pourraient trouver çà et là un développement trop bref ou trop lâché à leur goût, ou quelque défaut de composition, ce roman, malgré tout aussi bien monté qu'une belle mécanique, aussi passionnant qu'un bon film, aussi vivant que la vie même, ce roman a, entre autres mérites, celui d'indiquer dans sa composition même, que le problème préconçu, si souvent posé par les écrivains d'une contradiction prétendue entre l'individuel et le social, a depuis longtemps trouvé sa solution.
Ce livre n'est pas plus la description passive de certains aspects du monde actuel, qu'il n'est une parabole qui servirait à Aragon à expliquer son "cas" et sa personnalité, mais un roman qui peint à travers les individus leurs classes, à travers l'action, la lutte de ces classes, et qui fait ainsi entrevoir, par sa peinture de la réalité d'hier, la réalité socialiste de demain.
Les Cloches de Bâle sont, dans la littérature française, l'une des premières oeuvres à laquelle le terme de "réalisme socialiste" pourra s'appliquer. Et, dans ce sens, ce livre n'est pas seulement un livre décisif dans l'oeuvre d'Aragon, il est aussi une date de notre histoire littéraire.
- Eduardo Manet (1997)
- Lorsqu'il parle de réalisme, Aragon se réfère à cette tradition romanesque qui va de Balzac à Charles Dickens, de Flaubert à
Thomas Hardy.
'Le réalisme est une machine inventée par l'homme pour l'appréhension du réel dans sa complexité', écrit-il.
Son roman 'les Cloches de Bâle' est en effet très complexe. Les personnages ne ressemblent en rien aux caricatures héroïco-romantiques qui peuplent les romans soviétiques de l'époque. Car tout en nous parlant du réalisme, Aragon fait
exploser la structure interne du roman. Comme si l'homme était encore trop proche des expériences exaltantes du surréalisme, comme si le passage entre poésie et prose rendait floue, inquiétante et fragile la frontière entre le réel et le surréel.
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Letzte Änderung: 11.09.97
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