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I Cesse donc de gémir Rien de plus ridicule Qu'un homme qui gémit Si ce n'est un homme qui pleure II [...] Je me promène avec Un grand trou dans mon coeur III Crois-moi Rien ne fait si mal qu'on pense IV Plus le poème est court Plus il entre en la chair [...] XII Qui dit J'ai mal Oublie les autres [...] XVII La vie est pleine d'échardes Elle est pourtant la vie [...]
Aus - Extrait de "Ni fleurs ni couronnes"
[...] Une part avec lui du monde et de moi-même est devenue Instrument dépourvu d'usage et pourtant signe avant-coureur Mémoire je reviens à ma jeunesse quand je l'ai connu Cet homme hors mesure là-haut dans la rue Simon-Dereure Où la beauté sans cri des objets lui faisait trembler la main Rien plus que lui n'était humble devant les choses familières [...] Braque un dimanche éteint souviens-toi de ce que fut vendredi Dans ce double miroir toute une part du monde atteint son terme Une part du monde se perd dans ce regard qui s'est perdu Cette lumière d'une chambre et rien n'a troublé le silence Par un après-midi je ne sais d'où descend l'ombre attendue Le temps qui passe met sur tout son immobile violence. [...] Ils ont beau s'en aller qui eurent privilège à voir premiers Le spectacle ils ont beau nous quitter peut-être par lassitude Et que cela soit Chardin Braque ou Vermeer que vous les nommiez Il en revient toujours poursuivre la même longue étude Mais nous qui demeurons sans eux aveugles nous les survivants Dans ce siècle qui meurt d'un peintre ou d'un poète à chaque halte Nos yeux habitués à l'homme en vain dans ce désert de vent Cherchent l'après de notre soif la source à présent sous l'asphalte Nous nous tenons près des gisants comme des rois déshérités Qui rêvent la fête finie à ce qui leur fut un Versailles [...]
Aus - Extrait de "L'an deux mille n'aura pas lieu"
[...] Donnez-moi votre cathédrale où tout sera si ressemblant À la rue au vivre ordinaire Sous le soleil morcelé des vitraux la roue atroce des vitraux Et la lumière est l'écorché dont l'épingle tire les nerfs Si ressemblante la douleur d'alors à la douleur moderne [...]
Aus - Extrait de "À Novomesky"
[...] Nous sommes les bergers d'un même Noël toujours lointain de sembler proche Nous avons marché marché dans la nuit tournant les yeux vers le sable du ciel Et l'étoile était pâle à voir pour ceux qui ne savent dormir En route sans cesse en route et qui peut dire jamais s'il Y aura paille où s'agenouiller enfin s'il y aura l'enfant la crèche et l'aurore Nous ne sommes pas ceux qui portent la prière une fois pour toute Écrite et le chant sans arrêt nous monte à tout moment réinventé Comptez mes cheveux blancs pour connaître le nombre des nuits sans sommeils [...] Je te salue au crépuscule homme fidèle Pour cela seul qui vaut qu'on en parle aujourd'hui Nous sommes les bergers je te dis d'une étoile De si loin si longtemps et malgré tout suivie Nous sommes les bergers de toute notre vie Et nos pieds écorchés s'en vont vers d'autres pierres Je te salue au milieu du siècle au nom des jours à venir Je te salue au nom de ta jeunesse et de la mienne Je te salue au nom du poème et de l'eau pure Je te salue au nom de l'homme et de la femme Je te salue au nom du feu dont nous somms également brûlés Je te salue au nom de la douleur et de la flamme Je te salue au nom du mal et du bien Comme un paysan dans son champ de bleuets et de blé Nous sommes tous de même à la fin des temps barbares à la fin Du mépris De la méprise Du calvaire On aura vainement sur la table renversé le vin On aura vainement brisé sur la nappe les verres Il fallait bien qu'un jour quelqu'un se souvînt Et tu vins tu parlas le langage des vers Comme tu as soufflé les braises des années vingt Comme tu as rendu leur sens et leur parfum Aux vocables d'alors surpris de leur puissance Effacé de ta main la ride à nos idées Et redonné couleur à la blême espérance [...] Pour être demeuré pareil à toi merci
Je ne t'imiterai point dans ta parole ô Poète brûlé tes forêts intérieures Long incendie incendié sur qui souffle Le vent interminable de l'Histoire [...] Je t'appelle à mon secours dans l'épais taillis du siècle Donne-moi ta main longtemps pour écouter le silence [...] Hölderlin Heureux à son amour celui Qui n'a survécu d' Une minute Heureux Le corps démâté démembré disjoint Qui n'a pas plus qu'à son amour à soi-même survécu [...] C'est toi c'est lui que je regarde Et chaque pli de ta bouche et chaque ride au coin de tes yeux Ces obliques blessures de la durée C'est moi que je regarde en lui pour mieux Me retrouver et comment il se peut Que je me fasse en toi lui peu à peu [...] Je n'aurais plus où me souvenir où me perdre Hormis toi nul ne sait la beauté noire de ne rien Attendre À qui parler le langage pur Du désespoir appris par trop avoir pratiqué l'espérance [...] J'ai fait abandon du bonheur Il s'est assis Ailleurs Il attend comme un gamin pour la première fois sur les bancs De l'école Il attend le Christophe inconnu près de la fontaine afin D'être porté par son épaule Qui traversera la rivière d'un pas géant [...] À quoi bon ma voix si vous la couvrez de tambours Et ne sont pas toujours de sang les martyrs Celui-là guère n'a besoin de mettre son doigt dans leur plaie Qui ne montre pas sa propre blessure Il sait Je dis Il sait [...] Je suis encore assis au seuil de la Barbarie Comme un mendiant qui ne tend pas la main J'aime le goût amer des cendres L'âpre pulpe des poires l'aile impalpable Sur moi des oiseaux bas d'orage J'aime tout ce qui brille à mes yeux fermés De cette grande lueur invisible J'aime sans un mot ce qui s'avance à quoi Je n'aurai plaisir ni part Mais un peu de poussière enfin que pousse Plus tard [...] Le Mal marche donc premier le Bien le suit sans Doute et s'il n'y avait pas d'abord le Mal y Aurait-il jamais le Bien Je dis donc qu' Il n'y a pas d'autre songe que celui du Mal et du Bien dans cet ordre de succession Ainsi le Mal précède et le Bien après vient Portant dans son coeur en fait de lumière la Blessure du Mal [...] Il est commode assurément de tout expliquer par La folie où commence la folie [...] L'inexplicable n'est pas ce que folie explique L'inexplicable c'est que le chapeau ne s'envole pas Quand le vent souffle et que la raison soit si forte Que le chapeau ne s'envole pas [...] Qui sera le fou suivant Certaines nuits je m'éveille et je n'ai plus Ma raison Je dors nu [...]
[...] Il y avait de cela douze ans quand je vins Boulevard Saint-Germain 202 chez Guillaume Apollinaire On entendait au loin tousser La Bertha [...] Il me disait Que disait-il Il m'a conduit En s'excusant Les Picassos sont à la cave Excepté La main montre le mur où se fait L'amour dans la pièce à côté Tout le reste ô baiser baiser perpétuel Nuit et jour jour et nuit ce long arrêt d'horloge Et la lèvre à la lèvre et le souffle accouplé Et la vie au-dessous Réel le lit pourtant Biens moins réel que l'instant fixé sur la toile N'est qu'un pléonasme à l'étreinte à la durée La vaste vie un peu toujours le cinéma D'alors où le piano d'un petit air pardonne Les mots qu'on tait [...] Ne sommes-nous pas encore au temps du muet Un demi-siècle après c'est la même musique Même silence dans les squares sur les bancs Au coin des rues Au ventre sombre des maisons Seuls rien qu'eux seuls jamais lassés d'être enlacés Tressaillants et tressés dans leurs bras dans leurs jambesLes amants de 1905 Dont soit le plaisir éternel
Aus - Extrait de "Les rendez-vous"
I Tu m'as quitté par toutes les portes Tu m'as laissé dans tous les déserts Je t'ai cherchée à l'aube et je t'ai perdue à midi Tu n'étais nulle part où j'arrive [...] Tu m'as quitté présente immobile Tu m'as quitté partout tu m'as quitté des yeux Du coeur des songes Tu m'as quitté comme une phrase inachevée Un objet par hasard une chose une chaise Une villégiature à la fin de l'été Une carte-postale dans un tiroir Je suis tombé de toi toute la vie au moindre geste [...]V Qui n'aime à douleur peut-on dire il aime [...]VI Et ce n'est point aimer que n'aimer à douleur Cette main que je tiens encore elle s'enfuit Tout le bonheur du jour n'annonce que la nuit J'aurai passé comme un voleur [...]VII [...] Et nous ne sommes pas allés ensemble à Grenade [...] Je suis mort tant de fois de t'attendre Et tu n'en as jamais pleuré [...] Oh si tu savais seulement comme auprès de toi chaque nuit J'ai chaque nuit appris ce qu'est la solitude [...]VIII Ainsi je t'aurai toute la vie attendue Présente absente ailleurs ici proche et lointaine [...] Il est trop tard pour espérer enfin t'atteindre Je n'aurai pas trouvé les mots tout N'aura semblé qu'un murmure un étouffement de cris Je ne t'aurai donné que ce chant avorté de moi-même Tu n'auras pas entendu ni personne Entendu le battement en moi de ce grand oiseau rouge Je n'aurai donc été vers toi qu'une phrase sans fin Il est trop tard et caetera [...]
Aus - Extrait de "Paroles perdues"
[...]II L'homme seul est un escalier Nulle part l'homme qui ne mène Et lui demeurent inhumaines Toutes les portes des paliersL'homme seul a les bras obliques L'oeil impair le souffle rayé Il n'a qu'ailleurs pour oreiller So sommeil est fille publique
L'homme seul a des doigts de vent Ce qu'on lui donne se fait cendre Plaisir même il ne peut rien prendre Que poussière le retrouvant
L'homme seul n'a pas de visage Il n'est que vitre pour la pluie Et les pleurs que l'on voit sur lui Appartiennent au paysage
Il est une lettre égarée Portait-elle une fausse adresse À qui disait-elle Tendresses Quelles mains l'auraient déchirée
III Il y a trop souvent maldonne Vivre est un jeu malinventé Le printemps passe et pas d'été Voilà que c'est déjà l'automne [...]
VII Toute science est de nommer Tout langage est de métaphore Mais le vent paroles déflore Et les fait tourner en fumée Toujours excédant leur empire Soleils sur l'extrême occident Me brûlent les mots par dedans De la braise qu'ils int à dire Acteurs l'un de l'autre jaloux Toujours se volant la réplique Ils s'habillent d'un sens oblique Au mépris des feux et des clous Comme masques pris l'un pour l'autre Ou galants au couvert de nuit Choses s'annoncent d'autres bruits Qui dans le lit d'autrui se vautrent Tous les courir sont de tortue D'un oeil crevé toute peinture De nature contre-nature Et de tue-tête chanson tue Aus - Extrait de ""
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Letzte Änderung - Dernière mise à jour: 29.11.97
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