Zitate - Quelques citations
Aus - Extrait de "II. Que la vie en vaut la peine"
C'est une chose étrange à la fin que le monde Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit Ces moments de bonheur ces midis d'incendie La nuit immense et noire aux déchirures blondes Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit D'autres viennent Ils ont le coeur que j'ai moi-même Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime Et rêver dans le soir où s'éteignent des voix [...] Il y aura toujours un couple frémissant Pour qui ce matin-là sera l'aube première Il y aura toujours l'eau le vent la lumière Rien ne passe après tout si ce n'est le passant C'est une chose au fond que je ne puis comprendre Cette peur de mourir que les gens ont en eux Comme si ce n'était pas assez merveilleux Que le ciel un moment nous ait paru si tendre [...] Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
Aus - Extrait de "III. Les vêpres interrompues"
Ce que je garde en moi je l'étouffe et le tue Et quand je fermerai les yeux à la lumière Nul ne saura de toi ce que j'en aurai tu Douceur des choses coutumières Je n'ai plus très longtemps devant moi désormais Chaque vers que j'écris c'est mon sang que je donne Si je fais le choix d'août sans doute est-il un mai Que ne dira jamais personne [...] Passez mes souvenirs folie ô mes années Et tu vins en novembre et sur quelques paroles Ma vie a tout d'un coup tout autrement tourné Un soir au bar de la Coupole Avant toi je n'étais qu'une ombre inassouvie L'errement de moi-même aveugle aveugle et sourd Tu m'auras tout appris lumière de ma vie Jusqu'à voir la couleur du jour Toi qui rouvris pour moi le ciel de la bonté En moi qui réveillas les musiques profondes Toi qui m'as fait moi-même et m'as dit de chanter Comme un enfant devant le mondes Demeure mon amour heureux et malheureux Demeure mon amour dans mes bras prisonnière Soleil secret du coeur qui n'est que pour nous deux Ma chère amour seule et dernière Si de ce que j'écris ne restait que ton nom Je saluerais la gloire éternelle des choses Où ton nom chanterait comme fait le Memnon Au seuil brûlé des sables roses [...] Le plus beau jour toujours contient quelque regret Dont on trouve le goût peu de temps après boire Et que la vie est belle après tout le dirait Simplement l'histoire d'un soir [...] Qu'est-ce que c'est mes yeux que cet égarement Qui fait que vous cédez à ce libertinage On m'accuse déjà je ne sais trop comment De trop aimer les paysages Est-ce un crime vraiment de dire ce qu'on voit Partager son amour chanter chercher des rimes Je ne sais pas vraiment ce que l'on veut de moi Est-ce vraiment vraiment un crime De rêver au bonheur dans la gueule du loup Et de dire à minuit que l'alouette est proche Mes amis mes amis que cela soit de vous Pourtant qu'en vienne le reproche [...]
Aus - Extrait de: "IV. Je plaide pour les rues et les bois d'aujourd'hui"
Non je ne cherche pas au milieu des dangers L'oasis ni le biais échappatoire et juge Utile et beau cet art qui s'efforce à changer Le monde et refuse refuge Suis-je de ceux-là qui ferment leurs yeux devant L'humanité en proie aux douleurs quotidiennes Ou des fous qui voudraient faire à l'abri des vents Chanter les harpes éoliennes Ne m'a-t-on pas toujours trouvé sans que l'on m'ait Assigné pour cela le péril et la place Prêt à donner le fouet aux vieux mots qui rimaient Entre eux comme des jeux de glaces [...] Je réclame le droit de rêver au tournant De la route Aux grands charmes de la promenade Le droit de m'émouvoir du monde maintenant Que s'approche la canonnade Je réclame le droit des hommes à pencher Leur visage anxieux au miroir des fontaines D'aimer les blés et de le dire D'y chercher Une douce paix incertaine Je réclame le droit de peindre mon pays [...] [...] Je réclame le droit de faire comme si Nos fronts étaient sans ride et nos coeurs sans souffrance Et comme si la guerre était un chien assis Aux pieds parfaits de notre France [...]
Aus - Extrait de: "V. Nocturne des frères divisés"
[...] Notre vocabulaire est de faible encolure Quand il faut allumer l'étoile et non l'idée Et traverser la nébuleuse à toute allure Avec des mots téléguidés [...] L'homme lève les yeux et c'est ahurissant Ce qu'un pareil décor peut bien lui faire dire Mais peu nous chaut la qualité de son délire Si ce lait de lueurs renouvelle son sang Si le frisson le prend devant ces voûtes blêmes S'il songe regardant ces soleils de série À ce qu'il risque d'arriver cette nuit même À ses amours à sa patrie Car tout ramène l'homme au coeur de la bataille Serait-ce le détour de quelque voie lactée Serait-ce le détour de la banalité Et l'histoire nous fait un ciel à notre taille [...] Prêts à répudier la lumière des sens Mes frères croient inconnaissable l'inconnu Dans un monde immuable où l'homme revient nu À l'initiale obscurité de sa naissance Dans le premier moment que je les entendis Ça me fit comme une démageaison d'injures Ils me criaient Le voilà donc ton paradis Chevalier de la triste figure Tu es là comme une clown à nous parler progrès Vendanges de l'hiver et printemps sur commande Ah Déroulède du bonheur et tu demandes Naïvement comment sortir de la forêt On n'en finirait plus à répéter leurs phrases Qu'ils aient tort ou raison les mots ça compte-t-il Ce qui pèse sur nous comme moi les écrase Ils sont mes pareils ces petits [...] Eux comme moi l'on dirait des Saint-Sébastien Qui liés au poteau se flècheraient l'un l'autre Dans leur fureur à démêler le mien du tien Au rire noir des bons apôtres [...] Je songe à l'unité lente que nous gagnons Étoiles Resouder les feux qui se scindèrent Inaugurer enfin le grand jour solidaire Et faire un seul soleil de tous ces lumignons [...] Voir ne suffisait plus à l'homme Il veut savoir Mais le siècle et le ciel sont noirs jusqu'à demain Le chemin qu'une main m'y tienne par la main Comme un Parti conduit un peuple dans l'histoire
Aus - Extrait de: "VI. L'enfer"
[...] Rien ne nous vient du ciel monopole des anges Nul glaive n'est porté par licence de Dieu La peste ni le feu ni l'atome ne vengent Sur les gens de la terre un idéal des cieux [...] [...] Le bonheur d'habitude est un bonheur trop triste Je préfère l'enfer où l'homme brûle et crie [...] Ils crient sans doute il crient les damnés de la terre L'enfer existeil est le terrible aujourd'hui Où la loi sociale impose à tous de taire Les prémisses du jour et le bout de la nuit L'enfer existe Il est la part du plus grand nombre L'enfer existe Il est ce paysage fou La résignation des visages à l'ombre L'espoir tenu pour crime et la vie à genoux [...] Quand tout sera fini qu'on écrira l'histoire On relira ces vers que vous avez chantés Je ne sais si des miens on gardera mémoire Mais vous êtes partis et moi je suis resté Oui j'ai choisi l'enfer en pleine conscience Oui j'ai choisi mon peuple et j'ai pris son chemin Et je souffre avec lui sa même patience Et mon souffle se mêle à son souffle germain
Aus - Extrait de: VII. Le peuple
[...] Les lèvres et les blés d'un même chant vont bruire Oh le piétinement des foules au matin Choisis peuple choisis ceux qui vont te conduire Et la juste parole et le geste certain Tous les Annapurnas peuvent dresser leurs neiges Entendez-vous grandir ce rêve consenti Comme un Parti conduit son peuple vous disais-je Et vous les Conquérants vous dites Mon Parti Il est des mots écrits en lettres capitales Comme un Parti conduit son peuple À peine j'ai Dit ces mots-là que c'est une éclipse totqle Et tout autre soleil me devient étranger
Aus - Extrait de: VIII. On vient de loin
Un poème écrit à la troisième personne N'est jamais ce cri des entrailles que l'on croit Et parler de l'amour exige que je donne À l'impudeur du jour mon propre coeur en proie [...] Lorsque j'avais vingt ans pour moi la grande affaire Était de désapprendre et non d'avoir appris Il me semblait rouvrir les portes de l'enfer Par le simple refus du coeur et de l'esprit Don-Quichottes nouveaux qui tournaient leur colère Contre les dieux de plâtre et l'ombre des statues Nous étions quelques-uns que ces jours assemblèrent À mettre dans l'injure une étrange vertu [...] Je ne demande pas le pardon des outrages La pitié d'une enfance ou Dieu sait quel oubli Les longs labeurs m'ont fait un homme d'un autre âge Et j'ai bu le vin noir et j'ai laissé la lie Mais j'aurai beau savoir comme on dit à merveille Quelles gens mes amis d'alors sont devenus Rien ne fera jamais que je prête l'oreille À ce que dira d'eux qui ne les a connus Je jure qu'au départ c'était comme une eau pure L'avril escompte-t-il les récoltes d'été Et nous n'attendions pas du monde je le jure Plus que la salamandre aux flammes n'eût prêté [...]
Aus - Extrait de: IX. Comment l'eau devint claire
[...] La chenille au moment de la métamorphose Ignorant l'aile et l'air médit du firmament Il t'arrivait d'écrire à la hâte des choses Que tu liras plus tard avec étonnement Peut-être aveuglément naufrageur de toi-même Te voulais-tu fermer tout devenir humain Disant l'impadonnable et faisant du blasphème Une brûlante boue à te jeter demain [...] Vois-tu j'ai tout de même pris la grande route Où j'ai souvent eu mal où j'ai souvent crié Où j'ai réglé mon pas pour que ceux qui m'écoutent En scandent la chanson sur le pas ouvrier [...] L'essentiel n'est pas ce que traînent de brume Et de confusion les hommes après eux Car le soleil pour nous et devant nous s'allume Il est mon Parti lumineux Il faudrait que chacun racontât son histoire Comment il est venu comment il varia Comment l'eau devint claire et tous y purent boire Un avenir sans parias [...] Entre tous les partis il est seul de sa sorte Qui s'assige pour but tout remettre à l'endroit En posséder la carte à personne n'apporte Que des devoirs et non des droits [...] Salut à toi Parti qu'il faut bien qu'on choisisse Quand toute chose est claire et patent le danger O puits qui fais la vie et fais à l'oasis Entre tous le pain partagé [...] Salut à toi Parti ma famille nouvelle Salut à toi Parti mon père désormais J'entre dans ta demeure où la lumière est belle Comme un matin de Premier Mai
Aus - Extrait de: X. Sacre de l'avenir
Vous direz que les mots éperdument me grisent Et que j'y crois goûter le vin de l'infini Et que la voix me manque et que mon chant se brise À ces sortes de litanies C'est possible après tout que les rimes m'entraînent Et que mon chapelet soit de grains de pavot Car tyranniquement si la musique est reine Qu'est-ce que la parole vaut C'est possible après tout qu'à parler politique Sur le rythme royal du vers alexandrin Le poème se meure et tout soit rhétorique Dans le langage souverain C'est possible après tout que j'aie perdu le sens Qu'au soleil comparer le Parti soit dément Qu'il y ait de ma part simplementn indécence À donner ca pour argument Pourquoi doux Lucifer en ce siècle où nous sommes Où la Vierge et les Saints ont des habits dorés Le chant nouveau déjà qui s'élève des hommes N'aurait-il pas l'accent sacré J'ai souvent envié le vers de Paul Claudel Quand sur nos fusillés se levait le destin Pourquoi n'auraient-ils pas à leurs épaules d'ailes Les Martyrs couleur de matin [...] Nous avons devant nous des voûtes cathédrales Voyez voyez déjà le seuil et le parvis Et serve à l'avenir la langue magistrale Qui Dieu se bien servit Le travail et l'amour changent le chant mystique Et tout dépend vers qui s'élève l'hosanna Je ne crains pas les mots dont on fit des cantiques On boit dans le verre qu'on a [...] Il régnait un parfum de grillons et de menthes Un silence d'oiseaux frôlait les eaux dormantes [...] Et je songeais qu'un jour pareil dans pas longtemps Je ne reviendrai plus vers toi le coeur battant [...] Vois-tu comme la vie et la mort sont bien faites L'enfant pleure au retour que s'achève la fête L'homme a sur lui cet avantage merveilleux De ne pas emporter ses regrets dans ses yeux Par un effacement immense et raisonnable Et béni soit le vent qui balayera le sable Et béni soit le feu brûlant la lettre lue Mon amour mon amour que voulais-tu de plus Il est des mots que ne peut suivre qu'un silence Et quel autre bonheur aurait ta violence O nuage changeant nuage échevelé Qui se disperse enfin sur le ciel étoilé [...]
Aus - Extrait de: XIV. Pareils à ceux qui s'aiment
[...] Car rien jamais la cime ou le poème Ni l'art ailé ni l'azur des problèmes Rien ne fait l'homme et la femme si grands Que cet amour l'un l'autre qui les prend Heureux les gens un jour pareils à ceux qui s'aiment Dans un univers différent [...]
Aus - Extrait de: XV. Chant de la paix
[...] Cessez le feu pour départager les doctrines Assez à la pensée opposer les machines Au coeur croyant porter la mort dans la poitrine Laissez comme à des fleurs au flanc de deux collines Leurs chances de printemps l'humaine et la divine À ces rêves de paix que divers imaginent Le pari de Pascal et celui de Lénine Assez trouer les yeux pour y chercher dedans La lumière qui fait le monde en l'inondant [...]
Letzte Änderung - Dernière mise à jour: 11.11.1999