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Le Roman inachevé
(1956)
Le Roman inachevé est une autobiographie d'Aragon écrite en vers. Le poète, âgé de 59 ans, se penche sur sa vie passée: pour la première fois il évoque son enfance souvent malheureuse, le temps de la Première guerre mondiale, les années du surréalisme, les années trente, le temps présent; il parle du rôle des femmes et de l'amour dans sa vie, et tout particulièrement de sa rencontre d'Elsa qu'il célèbre comme sa salvatrice et inspiratrice. Il réfléchit sur le sens de sa vie et sur son engagement politique; il fait justice de la naïveté de sa pensée utopique qui dressait devant lui le mirage d'un monde féerique identifié par lui au monde communiste attendu. Il essaie de justifier son activité idéologique. Il place son amour pour Elsa au-dessus de toute fidélité politique. Une profonde désillusion se dégage de ses vers, le sentiment de l'échec, de l'inutilité, mais aussi la volonté de ne pas laisser le scepticisme et le dégoût l'emporter sur l'espoir.
La franchise du poète parlant de ses problèmes intimes donne au poème quelque chose de profondément touchant. Il présente un homme bien contradictoire: un homme sûr de lui-même et en même temps faible, croyant, voire crédule et sceptique, pessimiste et optimiste, persécuté et persécuteur, "victime" et "bourreau"; il donne des leçons et subvertit en même temps sa propre "autorité". Le lecteur devrait pourtant se rendre compte que ce poème est aussi un texte fictionnel et qu'il peut donc bien y avoir des passages où le sujet qui dit "moi" n'est pas absolument identique à l'Aragon historique; il est vrai que la part de stylisation négative ou positive est difficile à mesurer. L'oeuvre est empreinte d'une langueur mélancolique; on ne s'étonne donc pas que plusieurs de ces textes aient été mis en chanson et se réjouissent d'une grande popularité. On s'aperçoit aujourd'hui que Le Roman inachevé annonce la troisième grande période créatrice du poète.
Une internaute m'ayant posé la question suivante :
"Pourriez-vous me dire pourquoi, selon vous, Aragon a donné ce titre de 'Roman Inachevé' à un recueil de poèmes ?"
je lui ai répondu :
Votre question est mal posée. Ce n'est pas à un "recueil de poèmes" qu'Aragon a donné le titre de "Roman inachevé", mais à son autobiographie sous forme de poèmes, de vers. Or, l'autobiographie se compose, pour lui, d'éléments vrais, c'est-à-dire d'éléments narratifs qui correspondent à la réalité vécue, et d'éléments fictionnels, c'est-à-dire d'éléments narratifs imaginés - involontairement, pour des causes différentes comme, par exemple, la défaillance de la mémoire. L'autobiographie est donc un "mentir-vrai" comme l'est, d'après sa définition, le roman. C'est la raison pour laquelle il appelle son autobiographie "roman". Et c'est un roman "inachevé", parce qu'au moment où il termine la narration de sa vie, celle-ci n'est pas encore terminée : par conséquent, le roman de sa vie qu'il vient d'écrire n'est pas encore achevé.
Structure et contenu du livre :
- 1
- "Sur le Pont Neuf j'ai rencontré"
- LA BEAUTÉ DU DIABLE
- "Jeunes gens le temps est devant vous comme un cheval échappé" (citation)
- "Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre" (citation)
- UNE RESPIRATION PROFONDE
- "Je change ici de mètre pour dissiper en moi l'amertume"
- LE TÉMÉRAIRE
- "Il ne reste à ma lèvre enfin que cette injure" (citation)
- "Marguerite Marie et Madeleine" (citation)
- "Les beaux habits du soir un à un que l'on quitte"
- "Voilà donc où tu perds malheureux la lumière qui s'achève"
- "Grande chasse du ciel où courent les nuées"
- CLASSE 17
- "Je me souviens C'était je crois"
- "C'était un temps de solitude" (citation)
- PARENTHÈSE 56
- "Si je cessais de vous raconter cette ancienne histoire éteinte" (citation)
- "Ah le vers entre mes mains" (citation)
- "Allez Reprends en main ton coeur"
- LA GUERRE ET CE QUI S'EN SUIVIT
- "Les ombres se mêlaient et battaient la semelle" (citation)
- "Dominos d'ossements que les jardiniers trient"
- "Or nous repassions sur la Vesle"
- "Il y avait devant la croix fichée en terre une bouteille"
- "Bierstube Magie allemande" (connue aussi sous le titre "Est-ce ainsi que les hommes vivent") (citation)
- "Il n'y a jamais eu rien de cela ni des ans qui suivirent"
- 2
- "Comme il a vite entre les doigts passé" (citation)
- LES MOTS M'ONT PRIS PAR LA MAIN
- "Je demeurai longtemps derrière un Vittel-menthe" (texte) (citation)
- "Ici commence la grande nuit des mots" (citation)
- "J'aurais voulu parler de cela sans image" (citation)
- LE MOT "VIE"
- "J'entends la douce pluie d'été dans les cheveux mouillés" (citation)
- "Je ne récrirai pas ma vie Elle est devant moi sur la table" (citation)
- LE MOT "AMOUR"
- "Un soir de Londres"
- "Je tombe je tombe je tombe"
- "Un amour qui commence est le pays d'au-delà le miroir" (citation)
- "Malles Chambres d'hôtel Ainsi font ainsi font font font" (citation)
- "Les martins-pêcheurs au ciel jaune et rose"
- "Quand je me retourne en arrière il me semble que ces jours sont"
- LES MOTS QUI NE SONT PAS D'AMOUR
- "Il est inutile de geindre" (citation)
- "Mais tout ceci n'est qu'un côté de cette histoire"
- "Vieux continent de rumeurs Promontoire hanté" (citation)
- LE VASTE MONDE
- "Où faut-il qu'on aille"
- "Le long pour l'un pour l'autre est court"
- "On a beau changer d'horizon"
- "À chaque gare de poussière les buffles de cuir bouilli"
- INTERMÈDE FRANÇAIS
- "Le jour de Sacco-Vanzetti"
- ITALIA MEA
- "Toi dont nos peupliers rêvent dans leur exil"
- "Il régnait un clair d'anémone"
- "Ils étaient deux dans les plâtras"
- "Les dames de Carpaccio lentes et lourdes à ravir" (texte)
- APRÈS L'AMOUR
- 3
- "Je chante pour passer le temps" (citation)
- PARIS VINGT ANS APRÈS
- "Connaissez-vous ces soirs où le jour faiblissant"
- "Rappelez-vous ce que de Londres dit Shelley"
- LE VIEIL HOMME
- "Moi qui n'ai jamais pu me faire à mon visage" (citation)
- L'AMOUR QUI N'EST PAS UN MOT
- "Mon Dieu jusqu'au dernier moment" (citation)
- "Tu m'as trouvé comme un caillou que l'on ramasse"
- "Je traîne après moi trop d'échecs et de mécomptes" (citation)
- "Ô forcené qui chaque nuit attend l'aube"
- "Il n'aurait fallu" (citation)
- "Et la vie a passé le temps d'un éclair au ciel sillonné" (citation)
- CETTE VIE À NOUS
- "À Guendrikov pereoulok nous étions tous ensemble assis" (citation)
- "Odessa ville de poussière"
- "Autrefois tout semblait ne pas nous concerner"
- "Quoi Comment Où tout ceci"
- LES PAGES LACÉRÉES
- "Que cette interminable nuit paraît à mon coeur longue et brève" (citation)
- "Et le roman s'achève de lui-même" (citation)
- "Oime il bel viso oime il soave sguardo"
- "Toujours à battre les buissons"
- "Quand on se réveillait la nuit"
- "Quand ce fut une chose acquise"
- "Ô mois d'août quarante-quatre"
- LE PRIX DU PRINTEMPS
- "Tout le grand ciel de neige se déchire"
- POÉSIES POUR TOUT OUBLIER
- "Voulez-vous parlons d'autre chose"
- "Il règne des vues diverses"
- "C'est un sale métier que de devoir sans fin"
- "Vous direz ce que vous voudrez"
- STROPHES POUR SE SOUVENIR (connu aussi sous le titre "L'Affiche rouge")
- "Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes" (citation)
- LA NUIT DE MOSCOU
- "Ah dans ses propres pas que marcher est étrange"
- "Ici j'ai tant rêvé marchant de l'avenir" (citation)
- PROSE DU BONHEUR ET D'ELSA
- "Sa première pensée appelle son amour" (citation)
- "Tant que j'aurai le pouvoir de frémir"
- NOTES
Quelques citations
Éditions françaises récentes
- Aragon: Le Roman inachevé, L'OEuvre poétique, 2eéd., tome V, livre XII. Paris: Messidor/Livre Club Diderot, 1990, pp. 395-637
- Aragon: Le Roman inachevé. Paris: Gallimard, 1966 (Coll. Poésie/Gallimard)
Traduction allemande de quelques poèmes
- "Die Schönheit des Teufels" ("La Beauté du diable"), traduit par Klaus Möckel, in Aragon: Zu lieben bis Vernunft verbrennt, hg. von Marianne Dreifuß. Berlin: Verlag Volk und Welt, 1968, pp. 14-19
- "Noch geringe Zeit" ("Il n'aurait fallu"), traduit par Peter Hacks, in Aragon: Zu lieben bis Vernunft verbrennt, hg. von Marianne Dreifuß. Berlin: Verlag Volk und Welt, 1968, pp. 20-23
- "Du hast mich aufgelesen" ("Tu m'as trouvé comme un caillou que l'on ramasse sur la plage"), traduit par Marianne Dreifuß, in Aragon: Zu lieben bis Vernunft verbrennt, hg. von Marianne Dreifuß. Berlin: Verlag Volk und Welt, 1968, pp. 24-27
- "Nun sei Vollendung dem Roman gegeben" ("Et le roman s'achève de lui-même"), traduit par Marianne Dreifuß, in Aragon: Zu lieben bis Vernunft verbrennt, hg. von Marianne Dreifuß. Berlin: Verlag Volk und Welt, 1968, pp. 102-103
Bibliographie
Opinions et jugements de la critique
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Dernière mise à jour: 04.06.2000
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