- 1921
L'amour est ta dernière chance. Il n'y a vraiment rien
d'autre sur la terre pour t'y retenir.
(Anicet ou le Panorama, roman)
- 1922
Il
n'y a pas un corps qui ne me porte à l'amour.
"Paris la nuit", Le
Libertinage, "Pléiade"/Aragon/Romans 1, p. 396
- 1926
À l'encontre de l'idée courante ce
n'est pas pour le faste que Louis XIV fit construire Versailles, mais
pour l'amour, qui a aussi sa majesté, avec les cachettes de
feuillage taillé, les promenoirs des grottes, et le peuple
dément des statues.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 841
- 1926
Ils m'ont dit que l'amour est risible. Ils m'ont dit:
c'est facile, et m'ont expliqué le mécanisme de
mon coeur. Il paraît. Ils m'ont dit de ne pas croire au
miracle, si les tables tournent c'est que quelqu'un les pousse du pied.
Enfin on m'a montré un homme qui est amoureux sur commande,
vraiment amoureux, il s'y trompe, amoureux que voulez-vous de mieux,
amoureux on sait ce que c'est depuis que le monde est monde.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 880
- 1926
[...] cessez de porter ce culte absurde à tout
ce qui n'est pas uniquement l'amour. Il est temps d'instaurer la
religion de l'amour.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 882
- 1926
Quand l'idée de l'amour, de cet amour,
précisément de cet amour, se leva-t-elle en mon
esprit, c'est à quoi je ne puis à la fois, et je
puis bien répondre. Tout me séparait de celle que
j'entrepris d'abord de fuir, et fuir en moi-même surtout. Il
y a dans mon emportement avec les femmes une certaine hauteur, qui
tient à plusieurs regrets que j'ai, à ce que j'ai
longtemps cru qu'une femme, au mieux pouvait me haïr,
à ce sentiment horrible de l'échec qui me porte
toujours aux confins d'une ombre mortelle. Cette femme-ci, je me suis
défendu de l'aimer, j'ai détourné
d'elle avec une sorte de terreur qui avoue, les regrets mêmes
du souvnir. Divers sentiments que j'avais me dictaient aussi ma
conduite. Sans doute alors devinai-je pourtant sans fixer les traits
d'un fantôme, une modification de mon coeur, le filigrane
étrange de l'amour commençant
déjà d'y paraître. Je crus à
une disposition générale de mon humeur, et c'est
dans ce désordre réel que je rencontrai une autre
femme. Que je le lui avoue aujourd'hui, que tout ceci s'endort, et
u'elle me pardonne. Je l'ai aimée à ma
façon de ce temps-là, comme il m'était
possible, et sabs savoir que son image à une autre
était pourtant mêlée, je l'ai bien
aimée sans mentir, d'un amour quo ne s'est effacé
que devant l'amour même, et elle sait très bien
qu'elle m'a rendu malheureux. Aux obstacles qu'elle m'opposait,
pourtant plusieurs fois défaillante, je n'ai point
usé cet amour, et sans doute qu'il y puisait sa vie. Mais
entendez-moi, chère amie, j'ai retrouvé en moi ce
que j'avais nié. Vous étiez ma seule
défense et déjà vous vous
éloigniez. Alors j'ai été malheureux
pour l'autre, sans croire qu'elle en saurait rien. Je vivais sans aucun
effort pour me rapprocher d'elle. J'ai dit que d'autres sentiments,
alors, m'en écartaient. Puis je tremblais
d'éprouver ma faiblesse. Je craignais que le jour ne me
devînt intolérable, si elle m'humiliait une fois.
Elle fit cette chose extraordinaire, de m'appeler à elle: et
moi je vins. Soirée du trouble, soirée
éclipse: alors devant le feu qui jetait sur nous deux ses
grandes lueurs, j'accédai, voyant ses yeux, ses yeux
immenses et tranquilles, j'accédai à
l'idée de cet amour conçu et nié, qui
s'imposait soudain à moi dans l'évidence,
à la portée de ma main qui se croyait
démente. Je ne me hâtai point. Cela dura des
heures et des heures, sur le versant insensible de l'aveu. Il n'y eut
point de rupture entre l'indifférence et l'amour. Une porte
enfin cède, et c'est ainsi qu'apparaît le
merveilleux paysage.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 904-905
- 1926
Que la passion obscurcisse l'esprit, on y consent d'une
manière trop aisée. Elle ne déroute en
lui que ce qu'il a de vulgaire, l'appliqué. Les distractions
des amoureux et celles des savants n'ont pas fini de faire rire: elles
se valent et ne traduisent qu'une adaptation à un
très grand objet. Dans l'amour, par le mécanisme
même de l'amour, je découvrais ce que l'absence de
l'amour me retenait d'apercevoir. Ce qui dans cette femme
au-delà de son image se reformait reprenant cette image, et
développant d'elle un monde particulier, le goût,
ce goût divin que je connais bien à tout vertige,
m'avertissait encore une fois que j'entrais dans cet univers concret,
qui est fermé aux passants. L'esprit métaphysique
pour moi renaissait de l'amour. L'amour était sa source, et
je ne veux plus sortir de cette forêt enchantée.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 905-906
- 1926
La réalité est l'absence apparente
de contradictions.
Le merveilleux, c'est la contradiction qui apparaît dans le
réel.
L'amour est un état de confusion du réel et du
merveilleux. Dans cet état, les contradictions de
l'être apparaissent comme réellement essentielles
à l'être.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 911
- 1926
Il n'est d'amour que du concret.
Le Paysan de Paris, L'O.P.,
t. 1, livre III, p. 911
- 1929
[...] Je chante
L'amour le seul amour sans calcul l'amour
Pur
Qui ne récolte pas ce qu'il se refuse à semer
Je chante l'amour qui sait ce que c'est que d'aimer
"Réponse aux flaireurs de
bidet", La Grande Gaîté, L'O.P.,
t. 2, livre IV, p. 235
- 1929
Aima aima aima tu ne peux pas savoir combien /
Aima c'est au passé /
Aima aima aima aima aima /
Ô violences
"Poème à crier
dans les ruines", La Grande Gaîté, L'O.P.,
t. 2, livre IV, p. 277
- 1929
Dans la nuit l'amour
Au soleil l'Amour
L'amour l'amour sous la pluie
Au grand vent l'amour
L'amour l'amour dans la grêle
L'amour l'amour dans la neige
Ah tes yeux aveuglés de foutre
Le foutre est tombé
TOUT PETIT DEVANT TOI
LE FOUTRE OU LES LARMES
DEVANT TOI TOUT PETIT
LE FOUTRE A DES CHARMES
QUE LES LARMES N'ONT PAS
"Calendrier - Deuxième
semestre - Décembre", L'O.P., t. 2,
livre IV, p. 369
- 1929
Je me sais capable d'aimer, je ne me crois pas capable
d'espérer. Cependant, pour éviter une
équivoque qui ferait plaisir aux porcs, je dirai que, dans
la mesure où l'espoir est une idée-limite et dans
la mesure où, à la limite, l'idée de
l'amour se confond avec celle du Bien philosophique, je place tout mon
espoir dans l'amour comme dans la révolution de laquelle,
dans ce monde - limite où tout se confond, il n'est plus
aucunement distinguable.
[...]
"L'amour est la seule perte de liberté qui nous donne de la
force", cette phrase que je tiens de qui m'est le plus cher au monde,
résume tout ce que je sais de l'amour. Si l'amour exige le
sacrifice de tout ce qui fait la dignité de la vie, je nie
que ce soit l'amour.
Je ne puis absolument pas me passer de la présence de qui
j'aime. Il est possible que ce soit une infirmité.
"Quelle sorte d'espoir mettez-vous
dans l'amour?", L'O.P., t. 2, livre IV, p. 373-374
- 1941
L'histoire et mon amour ont la même foulée
Le Crève-coeur
-
1942
Les raisons d'aimer et de
vivre
Varient comme font les
saisons
(Les yeux d'Elsa)
-
1944