Louis Aragon - Persécuté persécuteur
Zitate - Quelques citations
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Aus - Extrait de "Front rouge"
Une douceur pour mon chien
Un doigt de champagne Bien Madame
Nous sommes chez Maxim's l'an mil
neuf cent trente
On met des tapis sous les bouteilles
pour que leur cul d'aristocrate
ne se heurte pas aux difficultés de la vie
[...]
Il y a des fume-cigarettes entre la cigarette et l'homme
[...]
Les journées sont de feutre
les hommes de brouillard Monde ouaté
sans heurt
[...]
Et puis les bonnes oeuvres font traîner des robes noires
dans des escaliers je ne vous dis que ça
La princesse est vraiment trop bonne
Pour la reconnaissance qu'on vous en a
À peine s'ils vous remercient
C'est l'exemple des bolchéviques
Malheureuse Russie
L'U.R.S.S.
L'U.R.S.S. ou comme ils disent S.S.S.R.
S.S. comment est-ce S.S.S.
S.S.R. S.S.R. S.S.S.R. oh ma chère
Pensez donc S.S.S.R.
Vous avez vu
les grêves du nord
Je connais Berck et Paris-Plage
Mais non les grèves S.S.S.R.
S.S.S.R. S.S.S.R. S.S.S.R.
[...]
Paris il n'y a pas si longtemps
que tu a vu le cortège fait à Jaurès
et le torrent Sacco-Vanzetti
Paris tes carrefours frémissent encore de toutes leurs narines
Tes pavés sont toujours prêts à jaillir en l'air
Tes arbres à barrer la route aux soldats
[...]
Pliez les réverbères comme des fétus de pailles
Faites valser les kiosques les bancs les fontaines Wallace
Descendez les flics
Camarades
descendez les flics
Plus loin plus loin vers l'ouest où dorment
les enfants riches et les putains de première classe
Dépasse la Madeleine Prolétariat
Que ta fureur balaye l'Élysée
Tu as bien droit au Bois de Boulogne en semaine
Un jour tu feras sauter l'Arc de triomphe
Prolétariat connais ta force
connais ta force et déchaîne-la
[...]
Feu sur Léon Blum
Feu sur Boncour Frossard Déat
Feu sur les ours savants de la social-démocratie
Feu feu j'entends passer
la mort qui se jette sur Garchery Feu vous dis-je
Sous la conduite du parti communiste
SFIC
[...]
J'assiste à l'écrasement d'un monde hors d'usage
J'assiste avec enivrement au pilonnage des bourgeois
[...]
Je chante la domination violente du Prolétariat sur la bourgeoisie
pour l'anéantissment de cette bourgeoisie
pour l'anéantissement total de cette bourgeoisie
[...]
L'éclat des fusillades ajoute au paysage
une gaîté jusqu'alors inconnue
Ce sont des ingénieurs des médecins qu'on exécute
Mort à ceux qui mettent en danger les conquêtes d'Octobre
Mort aux saboteurs du Plan Quinquennal
[...]
À vous Jeunesses communistes
[...]
Dressez-vous contre vos mêres
Abandonnez la nuit la peste et la famille
Vous tenez dans vos mains un enfant rieur
un enfant comme on n'en a jamais vu
Il sait avant de parler toutes les chansons de la nouvelle vie
Il va vous échapper Il court Il rit déjà
Les astres descendent familièrement sur la terre
C'est bien le moins qu'ils brûlent en se posant
la charogne noire des égoïstes
[...]
Les yeux bleus de la Révolution
brillent d'une cruauté nécessaire
SSSR SSSR SSSR SSSR
[...]
Voici la catastrophe apprivoisée
voici docile enfin la bondissante panthère
l'Histoire menée en laisse par la Troisième Internationale
Le train rouge s'ébranle et rien ne l'arrêtera
[...]
Le train s'emballe vers demain
SSSR toujours plus vite SSSR
[...]
C'est le chant de l'homme et son rire
C'est le train de l'étoile rouge
qui brûle les gares les signaux les airs
SSSR Octobre octobre c'est l'express
Octobre à travers l'univers SS
SR SSSR SSSR SSSR SSSR
Aus - Extrait de "Je ne sais pas jouer au golf"
[...]
Et le nommé Max Ernst qui vient m'a dit Albert Valentin l'autre jour
de décorer de ses mains le Golf du Théâtre Pigalle
Non le ciel ne tombera pas sur sa tête
bien que l'homme trahisse comme il respire
chie et s'endort
Tout se classe rentre dans l'ordre
aux ordres de l'argent
et de l'imbécile vanité de la gloire
et de la considération
et de la consécration
et de ladécoration
et des actions au porteur et des actions
qui ne sont pas au porteur
j'ignore comment on les appelle
n'étant pas très ferré dans ces tractations moi-même
[...]
Pourquoi n'y aurait-il pas une guerre
mille et mille fois plus meurtrière que la dernière
qui n'a pas tué tous les officiers français
[...]
Il s'agit d'assassiner Aristide Briand
ministre à vie des Aff. Ext.
Bonne pensée qu'on aimerait à voir
mise à exécution c'est le mot
Mais il s'agit de s'entendre
Il ne servirait à rien de tuer Aristide si
l'on ne détruisait pas du même coup
la famille l'armée
la religion la patrie
la proprété les proprétaires
Ah fusillez fusillez-moi ça
[...]
Aus - Extrait de "Le progrès"
Comme la dame du vestiaire du coiffeur de Madelios
cache sous le velours de sa main les stalagmites
de son cou qui dut plaire à
des jeunes gens jadis très sport et quatre épingles
[...]
Aus - Extrait de "Ne triomphez pas trop vite"
Pareil à un Rothschild qui par
un après-midi d'automne à la tombée
de la nuit n'éclaire plus que les Bouguereau d'hier
d'aujourd'hui de demain [...]
Aus - Extrait de "Mars à Vincennes"
[...]
Nous sommes toujours au temps des lépreux précédés de cliquettes
Nous sommes toujours au temps de l'hérésie albigeoise
On roue encore en grève
et le vendredi saint les athées à leur porte
doivent griller des harengs pour masquer
l'odeur des viandes qui trahit la démonialité poursuivie
[...]
Aus - Extrait de "La pesanteur"
[...]
Je ne supporte presque plus chaque chose exquise
L'élégance est une chienne à ma porte
Chaque raffinement de la vie et chaque horreur
lointaine se confondent
Une chaise est un massacre sous l'Équateur
Un beau livre les supplices dans les prisons marginales
qui sont à la pensée qui s'imprime
ce que certains amours sont aux bordels les plus infâmes
Le passage silencieux d'une automobile
inscrit dans la poussière le nom des martyrs sans nom
[...]
Aus - Extrait de "Tant pis pour moi"
Ainsi que le coeur qui se déchire au début de l'absence
le grisou sautera dans Paris
avec un long bruit de luxe brisé
les enfants regarderont la dernière passe du bordel
éclaté comme une grenade
puis joueront à une marelle révolutionnaire et philosophique
où CIEL se lira DRAPEAU ROUGE
et TERRE terre comme si de rien n'était
[...]
Aus - Extrait de "Lycanthropie contemporaine"
[...]
Il n'y a pas de limite à la mélancolie humaine
Il y a toujours une pierre à placer sur la pyramide des larmes
[...]
J'aime et je suis aimé Rien ne nous sépare
Pourquoi donc être triste au coeur splendide de l'amour
Le monde hoche sa tête Je Sais Tout stupide
J'aime et cependant la vie est intolérable à mourir
J'aime et cependant il faudra tout à l'heure que je hurle
[...]
J'aime et nous nous aimons mais au milieu d'un naufrage
mais à la pointe d'un poignard et je ne peux pas
je ne peux pas voir le mal que cela va te faire
[...]
Seulement à chaque arbre est un pendu qui se balance
à chaque feuille une tache de sang
[...]
Je ne sais pas ce qui me retient de mordre les passants sur les boulevards
L'amertume qui monte en moi peut être le premier flot d'un déluge
auprès duquel l'autre a l'air d'un vulgaire accident de vidange
[...]
À moi le langage ténébreux des suppliciés sur la chaise électrique
le vocabulaire ultime des guillotinés
L'existence est un oeil crevé Que l'on m'entende
bien un oeil qu'on crève à tout instant
le harakiri sans fin J'enrage
à voir le calme idiot qui accueille mes cris
[...]
On a fait un progrès considérable en matière de torture
sur le cobaye que je suis
sur le fauve cobaye que je suis les deux mains
prises dans deux portes
l'amour la mort
et des hercules abstraits appuient sur ces deux portes
avec toute la lenteur assurée d'un music-hall
exécuté sans le moindre effort apparent
N'as-tu donc jamais remarqué que mes baisers ressemblaient aux paroles sacrilèges
qui sont tout ce qui reste à dire aux esclaves écartelés
N'as-tu donc jamais remarqué que je t'aime tandis qu'on me tue
Que c'est toujours la dernière fois que je jouis abominablement dans tes bras
Tes bras qui sont si beaux que c'est bien cela
le plus terrible
Tout se terminera d'une façon sauvage
[...]
Aus - Extrait de "Prélude au temps des cerises"
[...]
Il s'agit de préparer le procès monstre
d'un monde monstrueux
Aiguisez demain sur la pierre
Préparez les conseils d'ouvriers et soldats
Constituez le tribunal révolutionnaire
J'appelle la Terreur du fond de mes poumons
[...]
Je chante le Guépéou qui se forme
en France à l'heure qu'il est
Je chante le Guépéou nécessaire de France
Je chante les Guépéous de nulle part et de partout
Je demande un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
Demandez un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
pour défendre ceux qui sont trahis
pour défendre ceux qui sont toujours trahis
Demandez un Guépéou vous qu'on plie et vous qu'on tue
Demandez un Guépéou
Il vous faut un Guépéou
Vive le Guépéou figure dialectique de l'héroïsme
[...]
Vive le Guépéou véritable image de la grandeur matérialiste
Vive le Guépéou contre dieu chiappe et la Marseillaise
Vive le Guépéou contre le pape et les poux
Vive le Guépéou contre la résignation les banques
Vive le Guépéou contre les manoeuvres de l'Est
Vive le Guépéou contre la famille
Vive le Guépéou contre les lois scélérates
Vive le Guépéou contre le socialisme des assassins du type
Caballero Bancour Mac Donald Zoergibel
Vive le Guépéou contre tous les ennemis du Prolétariat
VIVE LE GUÉPÉOU
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Letzte Änderung - Dernière mise à jour: 09.04.97
Les citations destinées à illustrer mon commentaire, à mettre le lecteur "au parfum" et à l'inciter à la lecture de l'ouvrage entier sont faites selon le principe du "fair use". Elles ne prétendent en aucune manière rendre compte de tous les aspects de l'oeuvre.
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