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[...] Ô mon amour ô mon amour toi seule existe À cette heure pour moi du crépuscule triste Où je perds à la fois le fil demon poème Et celui de ma vie et la joie et la voix Parce que j'ai voulu te redire Je t'aime Et que ce mot fait mal quand il est dit sans toiAus - Extrait de "Le temps des mots croisés"
Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d'hommes où vous veillez Épouses d'épouvante elles font leur étude Des monstres grimaçants autour de l'oreiller Qui donc a déchaîné la peur cette bannie Et barbouillé de bleu panique les carreaux Le sable sous le toit Dans le coeur l’insomnie Personne ne lit plus le sort dans les tarots [...] Écoute Dans la nuit mon sang bat et t’appelle Je cherche dans le lit ton poids et ta couleur Faut-il que tout m’échappe et si ce n’est pas elle Que me fait tout cela Je ne suis pas des leurs Je ne suis pas des leurs puisqu’il faut pour en être S’arracher à sa peau vivante comme à Bar L’homme de Ligier qui tend vers la fenêtre Squelette par en haut son pauvre coeur barbare [...] Je suis à toi Je suis à toi seule J’adore La trace de tes pas le creux où tu te mis Ta pantoufle perdue ou ton mouchoir Va dors Dors mon enfant craintif Je veille c’est promis Je veille Il se fait tard La nuit du moyen âge Couvre d’un manteau noir cet univers brisé Peut-être pas pour nous mais cessera l’orage Un jour et reviendra le temps des mots croisés
Aus - Extrait de "Les amants séparés"
[...] Je ferai de ces mots notre trésor unique Les bouquets joyeux qu’on dépose au pied des saintes Et je te les tendrai ma tendre ces jacinthes Ces lilas suburbains le bleu des véroniques Et le velours amande aux branchages qu’on vend Dans les foires de Mai comme les cloches blanches Du muguet que nous n’ironspas cueillir avant Avant ah tous les mots fleiris l’á-devant flanchent Les fleurs perdent leurs fleurs au souffle de ce vent Et se ferment les yeux pareils à des pervenches Pourtant je chanterai pour toi tant que résonne Le sang rouge en mon coeur qui sans fin t’aimera Ce refrain peut paraître un tradéridéra Mais peut-être qu’un jour les mots que murmura Ce coeur usé ce coeur banal seront l’aura D’un monde merveilleux où toi seule sauras Que si le soleil brille et si l’amour frissonne C’est que sans croire même au printemps dès l’automne J’aurai dit tradéridéra comme personne
"Santa Espina"
Je me souviens d'un air qu'on ne pouvait entendre Sans que le coeur battît et le sang fût en feu Sans que le feu reprît comme un coeur sous la cendre Et l'on savait enfin pourquoi le ciel est bleu Je me souviens d’un air pareil à l’air du large D’un air pareil au cri des oiseaux migrateurs Un air dont le sanglot semble porter en marge La revanche de sel des mers sur leurs dompteurs Je me souviens d’un air que l’on sifflait dans l’ombre Dans les temps sans soleils ni chevaliers errants Quand l’Espagne pleurait et dans les catacombes Rêvait un peuple pur à la mort des tyrans Il portait dans son nom les épines sacrées Qui font au front d’un dieu ses larmes de couleur Et le chant dans la chair comme une barque ancrée Ravivait sa blessure et rouvrait sa douleur Personne n’eût osé lui donner des paroles À cet air fredonnant tous les mots interdits Univers ravagé d’anciennes véroles Il était ton espoir et tes quatre jeudis Je cherche vainement ses phrases déchirantes Mais la terre n’a plus que des pleurs d'opéra Il manque au souvenir de ses eaux mirmurantes L’appel de source en source au soir des ténoras Ô Sainte Épine ô Sainte Épine recommence On t’écoutait debout jadis t’en souviens-tu Qui saurait aujourd’hui renouer ta romance Rendre la voix aux bois chanteurs qui se sont tus Je veux croire qu’il est encore des musiques Au coeur mystérieux du pays que voilà Les muets parleront et les paralytiques Marcheront un beau jour au son de la cobla Et l’on verra tomber du front du Fils de l’Homme La couronne de sang symbole du malheur Et l’Homme chantera tout haut cette fois comme Si la vie était belle et l’aubépine en fleurs
"Richard II quarante"
Ma patrie est comme une barque Qu’abandonnèrent ses haleurs Et je ressemble à ce monarque Plus malheureux que le malheur Qui restait roi de ses douleurs Vivre n’est plus qu’un stratagème Le vent sait mal sécher les pleurs Il faut haïr tout ce que j’aime Ce que je n’ai plus donnez-leur Je reste roi de mes douleurs Le coeur peut s’arrêter de battre Le sang peut couler sans chaleur Deux et deux ne fassent plus quatre Au Pigeon-Vole des voleurs Je reste roi de mes douleurs Que le soleil meure ou renaisse Le ciel a perdu ses couleurs Tendre Paris de ma jeunesse Adieu printemps du Quai-aux-Fleurs Je reste roi de mes douleurs Fuyez les bois et les fonatines Taisez-vous oiseaux querelleurs Vos chants sont mis en quarantaine C’est le règne de l’oiseleur Je reste roi de mes douleurs Il est un temps pour la souffrance Quand Jeanne vint à Vaucouleurs Ah coupez en morceaux la France Le jour avait cette pâleur Je reste roi de mes douleurs]
Aus - Extrait de "Zone libre"
Fading de la tristesse oubli Le bruit du coeur brisé faiblit Et la cendre blanchit la braise J’ai bu l’été comme un vin doux J’ai rêvé pendant ce mois d’août Dans un château rose en Corrèze [...] Mon amour j’étais dans tes bras Au dehors quelqu’un murmura Une vieille chanson de France Mon mal enfin s’est reconnu Et son refrain comme un pied nu Troubla l’eau verte du silence
Aus - Extrait de "Les croisés"
Reine des cours d'amour ô princesse incertaine C’est à toi que rêvaient les mourants au désert Beaux fils désespérés qui pour toi se croisèrent Éléonore Éléonore d’Aquitaine [...] Plus tard plus tard quand la souveraibe bannie Eut quitté son palais la France et ses amours Ils retrouvèrent la mémoire de ces jours Et les mots passionnés de leurs litanies Éveillèrent la rime inverse des paroles Du prêcheur noir et blanc qu’ils avaient bafoué La croix a pris pour eux un sens inavoué Sans crime on peut nommer Sang-du-Christ les girolles Mais ce ne fut enfin que dans quelque Syrie Qu’ils comprirent vraiment les vocables sonores Et blessés à mourir surent qu’Éléonore C’était ton nom Liberté Liberté chérie
Aus - Extrait de "Elsa je t'aime"
[...] Au biseau des baisers Les ans passent trop vite Évite évite évite Les souvenirs brisés Ce quatrain qui t’a plu pour sa musique triste Quand je te l’ai donné comme un trèfle fleuri Stérilement dormait au fond de ma mémoire Je le tire aujourd’hui de l’oublieuse armoire Parce que lui du moins tu l’aimais comme on chante ‘Elsa je t’aime’ ô ma touchante ô ma méchante Les ans passent trop vite Au biseau des baisers Évite évite évite Les souvenirs brisés Rengaine de cristal mirmure monotone Ce n’est jamais pour rien que l’air que l’on fredonne Dit machinalement des mots comme des charmes Un jour vient où les mots se modèlent aux larmes Ah fermons ce volet qui bat sans qu’on l’écoute Ce refrain d’eau tombe entre nous comme une goutte Évite évite évite Les souvenirs brisés Au biseau des baisers Les ans passent trop vite
Le choix de Florence Saillen
[" Le Crève-cœur " et " Le Nouveau Crève-cœur "]
Le cœur humain n'a pas changé
Il est aussi fou sinon pire
Qu'il était aux jours de Shakespeare - p.37
L'histoire et mon amour ont la même foulée - p.138
Dans la mémoire du silence
Il n'est que le temps de bourreau - p.145
Quand il faudra fermer le livre
Ce sera sans regretter rien
J'ai vu tant de gens si mal vivre
Et tant de gens mourir si bien - p.155
L'homme change bien moins que ne changent ses armes - p.167
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Letzte Änderung - Dernière mise à jour: 08.11.2004