Was ist neu in dieser Ausgabe? - Quoi de neuf dans cette édition? |
Das Werk - L'oeuvre |
Biographie |
Bibliographie |
Informations |
Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet |
Forum |
Des critiques sur Aragon |
Fragen und Antworten - Questions et réponses |
Der Autor dieser Site - L'auteur de ce site |
Louis Aragon - La Défense de l'infini
Zitate - Quelques citations
Zitate - Quelques citations
Aus - Extrait de "Le Con d'Irène"
[Incipit:] Ne me réveillez pas, nom de Dieu, salauds, ne me réveillez pas, attention je mords je vois rouge. Quelle horreur encore le jour encore la chiennerie l'instabilité l'aigreur. Je veux rentrer dans la mer aveugle [...] (La Défense de l'infini, p. 43)
Culs fientes vomissures lopes lopes cochons pourris marrons d'Inde saumure d'urine excréments crachats sanglants règles pouah sueur de chenilles colle morve bavure vous vous pus et vieux foutre abominables sanies enflures vessies crevées cons moisis mous merdeux renvois d'ail. (La Défense de l'infini, p. 44)
Je suis peu fait pour la vie de famille. Je la réduisis au minimum. On me voyait aux heures des repas. Le reste du temps, je le consumais en promenades, et plus encore en longues promenades, et plus encore en longues rêveries dans ma chambre, loin de la fenêtre, par où je n'apercevais qu'un morceau sinistre de rue vide, bordée de ces grises maisons qui portent au visage toute la maussaderie de l'est français. [...] (La Défense de l'infini, p. 45)
[...] j'essayai de penser à d'autres femmes. Je recommençai à sortir, à regarder. Ah bien vous pouvez courir. La province française. La laideur des françaises. La stupidité de leur corps, leurs cheveux. Petites rinçures. Bon.(La Défense de l'infini, p. 46)
Le diable était cette nom de Dieu de queue. [...] Souvent je bande mal. Mais ce que je supporte mal la continence prolongée.(La Défense de l'infini, p. 47)
Ce que je pense, naturellement s'exprime. Le langage de chacun avec chacun varie. Moi par exemple je ne pense pas sans écrire, je veux dire qu'écrire est ma méthode de pensée. Le reste du temps, n'écrivant pas, je n'ai qu'un reflet de pensée, une sorte de grimace de moi-même, comme un souvenir de ce que c'est. D'autres s'en remettent à diverses démarches. C'est ainsi que j'envie beaucoup les érotiques, dont l'érotisme est l'expression. Magnifique langage. Ce n'est vraiment pas le mien.(La Défense de l'infini, p. 55)
Que celui qui n'a pas rêvé à l'idée d'une mort au milieu de la fornication, ici m'interrompe. Tout ce qui est irrémédiablement pauvre pour les malheureux individus de ma trempe, dans les complications possibles de la volupté, a pour d'autres, je le sais bien, la prodigieuse valeur métaphorique que moi je ne prête qu'aux mots. Je veux dire que les mots me font subir. Je suis probablement fermé à cette poésie particulière et immense. (La Défense de l'infini, p. 55)
L'idée érotique est le pire miroir. Ce qu'on y surprend de soi-même est à frémir.(La Défense de l'infini, p. 56)
Je passe pour un orgueilleux. Passons.(La Défense de l'infini, p. 56)
Corps, corps, corps de tous les gens à la ronde, mes mains clouées vous arrachaient aux vêtements, vous arrachaient les vêtements révélateurs de vos formes damnantes, arrachaient à la fois, écorchaient votre peau tentatrice et laissaient sur vos blancheurs et sur ma cornée de grandes traînées rouges à mourir de la male mort sans confesseur, de la mort divine et grondante qu'appelait sourdement ma chair bouleversée sur la rive impossible à quitter du plaisir, interdit à celui qui n'a plus l'usage de ses mains clouées de part et d'autre des cuisses inertes entre lesquelles dérisoirement se dresse énorme, bonté du ciel suce, branle ou baise! la queue prête à crever les murs, et bandant aux étoiles.(La Défense de l'infini, p. 66)
J'étais follement amoureux d'une femme extraordinairement belle. D'une femme en qui j'avais cru, comme à la réalité des pierres. D'une femme que j'avais cru qui m'aimait. J'étais son chien. C'est ma façon.(La Défense de l'infini, p. 82)
Ce qui distingue assez Irène de Victoire [= la mère d'Irène], ce qui d'ailleurs a beaucoup éloigné celle-ci [= Victoire] de sa fille [= Irène], c'est qu'Irène n'a jamais pris le goût des femmes, que sa mère a eu très fort, et qu'elle garde à ce point qu'il n'est pas arrivé depuis qu'elle dirige la ferme qu'une seule servante s'y soit fixée, sans qu'elle fût ou devînt une tribade. Cette particularité n'a pas été sans contribuer aux succès de Victoire. Elle s'est attaché un peuple de filles, qui n'ont d'autre désir que la grandeur de sa maison. On a un certain respect dans la région pour cette irrégularité qui ne se cache guère, et qui semble être une vertu. Elle a fait pas mal pour le prestige de Victoire, que les hommes ont considérée comme une égale, et une égale redoutable. On a regardé comme un honneur d'être distingué par elle. (La Défense de l'infini, p. 87-88)
Irène se comporte assez avec les hommes, comme les hommes avec les filles, abominablement impatients si elles font des projets d'avenir, racontent leur vie, s'attendrissent. Elle pense sans grand détour que l'amour n'est pas différent de son objet, qu'il n'y a rien à chercher ailleurs. Elle le dit au besoin d'une façon très désagréable, directe. Elle sait être grossière et précise. Les mots ne lui font pas plus peur que les hommes, et comme eux ils lui font parfois plaisir. [...] Elle se roule dans les mots comme dans une sueur.(La Défense de l'infini, p. 91)
Il paraît, on le dit, ou pour être juste on l'insinue, que tout ceci finira par faire une histoire. Oui, pour les cons. Il faut dire qu'ils voient partout des romans, des romances. [...] Supposez que tout ce que je dis est d'un caractère plutôt scientifique.
Tout ceci finira par faire une histoire pour la crème, le surfin, le gratin, le copurchic des cons. C'est une manie bourgeoise de tout arranger en histoire. À votre gré, si vous avez preneur. [...]
Il y a des gens qui racontent la vie des autres. Ou la leur. Par quel bout la prennent-ils? Enfin ils résumeraient n'importe quoi. Un escalier ou un courant d'air. Ils ont entendu de la vie d'autrui ce qu'ils étaient capables d'y entendre. Mais même si c'était comme ça, ce serait autrement. Et puis d'ailleurs en voilà assez. Regardez un homme qui baye. Ses traits se défont, ils expriment une mélancolie inconnue, un immense désespoir physique. Pourtant cela ne peut tenir aucune place dans une histoire à proprement parler. Qui suivrait de fil en aiguille l'existence d'une vieille femme, petit à petit entraînée à écrire des lettres anonymes. Les réflexions que cela comporte.(La Défense de l'infini, pp. 93-94)
Non je ne suis pas absolument n'importe qui. Que j'aie été un soldat, est un peu plus révoltant, pour un impartial témoin imaginaire, que si cela est arrivé au dernier chien couchant. Un peu plus, un peu moins.(La Défense de l'infini, p. 94)
[Letzter Absatz - Dernier paragraphe] Là où la nudité du roc répugne au pied timide, où le végétal découragé ne développera plus la séduction de sa semence, là où le piolet ne fait jaillir que l'étincelle, j'ai trouvé ma pâture, au-dessus du royaume bleu des mouches. Je suis un animal des hauteurs. Je ne saurais pas en dire autant du pain. Que ceux qui cherchent leur nourriture, ne m'importunent plus de leur hideux chuchotement.(La Défense de l'infini, p. 95)
Aus - Extrait de "Voyageurs"
Voyageurs, vous avez le goût de l'infini sans doute. Ou n'êtes-vous que les colporteurs de vos rêves. (La Défense de l'infini, p. 107)
Ah sans doute avez-vous le goût de l'infini voyageurs qui traversez les vies dramatiquement immobiles avec vos secrets et la suite d'une histoire âprement gardée pour vous seuls. Vous venez d'un pays de tremblements de terre, où se promènent des araignées, où se livrent à des caresses inconnues des amants souples et sauvages. La fumée des cratères qui entre dans les chambres où les corps s'épuisent sur des nattes ranime d'un souffle chaud les voluptés prêtes à défaillir par la menace perpétuelle de la mort. Vous êtes partis un beau jour devant une coulée de lave et vous cherchez sans cesse un décor où vivre vaille la peine de périr. (La Défense de l'infini, p. 108)
[Discours du Volcan:] Je trouve un peu fort de café la suffisance humaine. Que cherchent-ils, sinon la tranquillité? (La Défense de l'infini, p. 110)
[Discours du Volcan:] Je ne veux pas me préoccuper des conséqunces de mes actes. [...] Au bout de chacune de mes pensées il y a une catastrophe. [...] Il me faut pour vivre l'atmosphère brûlante de la consternation: ah passez dans mes cheveux, grands ciels de cendres. (La Défense de l'infini, p. 110)
[Discours du Volcan:] Le bonheur, expression approchée d'une valeur imaginaire, est un mot qui dit à merveille ce qu'il veut dire. Le bonheur je sais où il niche: aux confins de la mort, là où les corps déjà touchent la terre, il y a une région heureuse et fourbue, l'écume des agonisants s'y confond avec les nuages. [...] la dernière minute de la vie, une simple comparaison le fera comprendre, est pareille à l'instant que l'amour précipité par une gymnastique déjà longue s'affole et ne peut se retenir. [...] Un réflexe admirable explique pour l'homme de science cette vérité que la mort est le couronnement de la vie. (La Défense de l'infini, p. 111)
[Discours du Volcan:] Mais rien au monde ne peut me faire revenir sur ce que j'ai une seule fois pensé. Animé d'un esprit d'expérience comme vous n'avez pas idée, je vais mon petit bonhomme de chien, tout naturellement, et quand je me retourne, qu'est-ce que je vois? Indéfiniment la ruine et la déconfiture. [...] Je ne pourrais plus vivre entendez-vous, si je me croyais lâche à ne pas réaliser une proposition qui m'est venue, en égard à ce qu'elle entraîne. (La Défense de l'infini, p. 111)
[Discours du Volcan:] Je suis pourri par le goût de séduire. À toute heure cela me reprend. Il faut que je sache mes limites. Tout me précipite à quelque nouvelle aventure. Il faut tenter, tenter encore. Je communique à autrui ce goût passionné de l'expérience. Les mères disent que je suis pour leurs fils une mauvaise relation. Mères, si vous saviez ce que c'est qu'un volcan. (La Défense de l'infini, pp. 111-112)
[Michel:] J'ai tout quitté. Qu'est-ce qui valait la peine que je me change en lierre? Pendant des années et des années, j'ai cru à la fidélité d'un monde. Va te faire fiche. Après tout personne ne peut jamais imaginer l'ordre de mes mobiles. Une explication mesquine au bout du compte, c'est tout ce que cherchent ceux-là mêmes qui me connaissent le mieux. (La Défense de l'infini, p. 116)
[Michel:] Pendant cinq ans ainsi, j'ai vécu au hasard. J'ai tenté le hasard, les possibilités, les rencontres. Il n'y avait pas de rancune qui tînt contre le vertige toujours nouveau de l'inconnu. Dans les villes, pendant la nuit, une vie ardente se propage. Il y a des femmes qui n'attendent plus rien de l'univers. Qu'elles soient là ou ailleurs. Mais c'est là qu'on les trouve. Dans leurs paroles passe la grande voix de l'anarchie. Je me suis enivré de leurs caresses multipliées, j'ai goûté à tous les stupéfiants intellectuels. J'ai aimé ces filles aux yeux vides, j'ai aimé leurs corps désespérés de plaisir. J'ai aimé ces corps dont la volupté plie et ne rompt, et ne rompt pas ses écluses sous la poussée toujours redoutable du désir. Ils m'ont enseigné leur sagesse et leur folie. (La Défense de l'infini, p. 117)
[Michel:] Je ne vous étais rien, mes amis, rien de rien. Et vous, détournez-vous, qui prétendez avoir gardé ma mémoire. C'est vous, c'est vous que je fuis seuls. Je vous défends de m'aimer, je n'accréditerai pas pour vous une figure mensongère. Je ne ratifierai pas votre image. Il est inadmissible qu'on prétende ainsi me fixer. Je vous échappe. Je mentais. Je n'étais pas celui que vous croyiez. Au large, au large, où soufflent la solitude et l'oubli. Adieu, aimez-vous les uns, les autres: mais moi, comment auraient-ils jamais pu aimer le vent? (La Défense de l'infini, p. 117)
Mais moi, ma vie me brûle. Ma vie. Il paraît que c'est un sentiment vulgaire ce vertige à sentir entre ses mains nouées se défaire tout le destin. Que m'importe: il suffit d'avoir mordu ce fruit amer pour qu'enivre à jamais le poisson jailli de sa pulpe. (La Défense de l'infini, p. 127)
[Armand:] La plus grande, la plus terrible, la seule qu'il me réservât, ce monde, c'était la découverte de moi-même. Maintenant la terre est déserte, puisque enfin je me connais. (La Défense de l'infini, p. 131)
Il y a dans la crapule une espèce de sens de l'infini. (La Défense de l'infini, p. 137)
Ô mon Dieu, qui avez fait l'homme à votre image, vous ne vous êtes pas flatté. (La Défense de l'infini, p. 150)
J'avais dans la bouche le goût de l'infini. Voilà pourquoi sans cesse il me fallait tout mettre au pire. [...] Le temps est venu où je me suis à mon tour abandonné. Je marche donc. Je vais. Je m'arrache à ma vie, je m'y refuse. J'arrive à me traiter comme la fumée qui se dissipe quand j'approche. Je disperse en moi tout sentiment qui se forme. Allons, allons. Aucune cesse ne m'est laissée. Juif errant de moi-même, c'est bien trop que cinq sous d'idées par jour. Je prends le soin que plus rien ici ne cristallise. J'agite mes sens dans le désordre où je me maintiens. Le jour viendra qu'ils ne se coordonneront plus jamais. Je m'acharne ainsi à me dissocier. Ennemi intérieur à la poursuite de moi-même, partout où je me sens prêt à naître, je me dresse contre ma propre velléité. Je ne laisserai pas au hasard, à l'inattention, à la faiblesse la possibilité de donner un cours à ma vie. Je suis le suicide vivant. [...] cette fureur autolytique [...].
(La Défense de l'infini, p. 158)
Ô mes amis déjà parmi vous j'étais frappé de solitude. Je vous regardais calmement. Ce sont eux cependant, mais je n'étais plus le même. En vain je cherchais dans leurs yeux cette flamme que j'avais aimée. [...] Est-ce déjà la vieillesse? Vais-je perdre le sens de tout ce qui m'exaltait, vais-je devenir semblable à ces hommes secs, à ces hommes faits que j'exècre? Avions-nous donc oublié le mot magique? (La Défense de l'infini, p. 159)
Par quel insensible détour deux personnes qui connaissaient l'une de l'autre jusqu'à l'accent des silences et la moindre ombre des regards peuvent-elles donc sans que rien les retienne sur cette pente devenir l'une à l'autre étrangères, et rapidement ennemies? Cela même qui les unissait aujourd'hui les désunit. (La Défense de l'infini, p. 160)
Aus - Extrait de "Lettre à Francis Viélé-Griffin sur la destinée de l'homme"
L'invincible force de la pensée, une fois exprimée, rien ne peut quelque chose contre elle. L'effet de toute activité mentale un beau matin se retrouve. Le vieillard n'a aucun pouvoir sur le jeune homme qu'il fut. Pas plus qu'un prologue, le dernier acte où tout se passe si mal ne contient la moralité d'une vie. (La Défense de l'infini, p. 169)
Aus - Extrait de "Je te déteste, univers"
J'étais la proie des interprétations vulgaires. On me demandait compte de la cohésion de mes jours. J'étais un homme nu, et l'on avait toute licence d'apprécier les parties exposées de mon corps. On se saisissait de mon corps. Cela se nomme l'amitié, la plus hypocrite des passions humaines, qui m'a appris combien j'étais différent des hommes, combien j'étais seul parmi eux. Quand je songe à l'amitié, il m'arrive de voir rouge. Sentiment absurde et menteur. [...] Je déteste ces miroirs compagnons que je me suis plusieurs fois par faiblesse consentis. Je pense que si je me savais soudain sur le point de mourir et que me fussent alors permis mille ravages à mon choix je leur préférerais pourtant le massacre de mes amis, ces horribles spectateurs de moi-même. [...] qui se mêleraient, moi mort, de m'ordonner, de se souvenir, de démentir, de corriger. J'abomine ces doucereuses bornes de ma vie. J'ai contre eux, certaines fois, des mouvements de rage que personne d'autre n'a pu provoquer. Tuer c'était bien peu alors. Je leur souhaitais le martyre, mes mains avaient des impatiences d'étrangler. [...] Vous m'avez distrait de moi-même au profit d'une improbable personne mythique qui se formait entre nous, maniaques dévots d'un culte sans autel. [..] Je renie ce jouet sans mystère, qui fut votre camarade, en qui je ne reconnais pas un seul de mes traits éternels. Je vous hais, je le hais. Laissez-moi. Vous ne me détournerez pas de ma nuit. Je vous hais. (La Défense de l'infini, pp. 173-174)
Ils ne savent rien, au vrai. Les mille mouvements qui sont à chaque instant moi-même. Mes vulgarités. Ma grandeur. Ma paresse. Tout l'inégalable de ma tristesse, les abîmes soudain ouverts, et refermés par une distraction légère. Ces brusques sursauts de mon ombre. Ils ne savent rien de rien, de mon désert, de mes marais. Ils ignorent une foule de faits qui les embarrasseraient au centre de leur affection pour moi. Ils se porteraient garants que je n'ai pas dit ceci, que je n'ai pas fait cela. Je l'ai dit, je l'ai fait. Vous me faites rire avec vos connaissances psychologiques, votre expérience. Amis de toujours et de nulle part, je ne me réduis pas à vos photographies d'amateurs. Je vous domine de toute la hauteur des mauvais sentiments qu'il vous répugne de me prêter, braves garçons qui par ailleurs ne m'épargnez rien de ce qui est médiocre. Je suis vraiment bien seul au milieu de vous. [...] Mes amis sont tous des crétins. (La Défense de l'infini, pp. 175-176)
Je n'en ai pas particulièrement contre ma famille. Du moins à la minute. Mais contre la famille, contre toute possibilité de famille. (La Défense de l'infini, p. 180)
Aucune morale n'est possible, là où règne la morale des familles. (La Défense de l'infini, p. 181)
L'homme ne fait des enfants que pour rechercher un alibi à ses vices. Il m'est arrivé bien souvent de penser, voyant défiler des familles nombreuses, ou devant les photographes du prix Cognacq, qu'on mesurait la canaillerie d'un homme au nombre d'enfants qu'il avait. (La Défense de l'infini, pp. 181-182)
L'homme fait des enfants par orgueil. Et par une sorte d'orgueil d'une imbécillité remarquable, un vrai sentiment de sauvage, une obscurité incroyable de jugement. Il fait des enfants pour apporter la preuve de sa virilité. [...] Ce sont ses couilles que le père adore dans ses enfants. (La Défense de l'infini, p. 183)
Car je ne pense pas qu'un homme en puisse guider un autre. (La Défense de l'infini, p. 184)
Aus - Extrait de "Le Cahier noir"
La sensualité s'était pour toujours emparée de ma vie. [...] Ce n'est pas trop de chaque heure du jour pour adapter mon corps et tout mon esprit au grand vertige dont je fais mon affaire. [...] Elle ne m'appartient plus, ma vie. (La Défense de l'infini, p. 197)
J'ignorais, - qui me l'eût dit? - que l'amour, ce fût le désir partagé. (La Défense de l'infini, p. 198)
[...] pour moi j'ai toujours aimé les dérèglements de l'esprit, et je regrette de ne pas les rencontrer plus souvent chez les femmes. (La Défense de l'infini, p. 199)
J'accédais à l'idée de l'amour sans avoir jamais aimé. (La Défense de l'infini, p. 201)
C'est une nécessité de ma nature que je sois incessamment occupé d'une femme. (La Défense de l'infini, p. 202)
J'ai de l'amour une représentation trop haute pour accepter cette idée primaire de la débauche et du libertinage. (La Défense de l'infini, p. 203)
Le désir de l'amour prépare l'amour et l'engendre. Il faut vouloir aimer. (La Défense de l'infini, p. 205)
Une idée de la perfection se cache certainement pour moi dans le fond de la conception de l'amour. [...] Ce culte emplit toute ma vie. (La Défense de l'infini, p. 205)
Il y a au coeur des enfants l'espoir d'une ligue immense contre le monde. Que rien n'arrive plus désormais avec cette voix désabusée des personnes d'expérience. À nous le nouvel ordre où l'anarchie est reine. (La Défense de l'infini, p. 207)
Ma vie est un non-sens. Elle n'a pas une direction générale. Elle n'est en rien exemplaire, même au rebours. La morale qu'on en tire est toujours contre moi. (La Défense de l'infini, pp. 210-211)
Le vrai et l'inventé se marient comme ces feuillages d'où sort une fleur étrangère à l'arbre qui les porte. (La Défense de l'infini, p. 225)
L'amour est un bien abstrait qui nie tout ce qui n'est pas lui-même. (La Défense de l'infini, p. 229)
Détruire tout mystère qui n'est pas celui de l'amour. (La Défense de l'infini, p. 230)
Ainsi se défait ma vie. Ainsi je m'en vais à vau-l'eau de l'amour. Que la tourmente qui se lève, au moment où je lève les yeux vers le plus noir du ciel, enfin m'emporte. [...] Perdu à tout jamais sous la nuée, je rêve, et rien n'arrêtera ce songe vers la mort. (La Défense de l'infini, p. 231)
Zurück zu - Retour à Louis Aragon - La Défense de l'infini
Retour à Louis Aragon - La Défense de l'infini
Letzte Änderung - Dernière mise à jour: 08.04.97
Les citations destinées à illustrer mon commentaire, à mettre le lecteur "au parfum" et à l'inciter à la lecture de l'ouvrage entier sont faites selon le principe du "fair use". Elles ne prétendent en aucune manière rendre compte de tous les aspects de l'oeuvre.
Copyrights:
Texts: Copyright © by Éditions Gallimard, Paris
Selection of Quotations: Copyright © 1997-2001 by Wolfgang Babilas
This document was created with HomeSite 2.5