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Louis Aragon - La Peinture au défi
Zitate - Quelques citations
Zitate - Quelques citations
[...]
Il est certain que le merveilleux apparaît à celui qui peut le considérer avec lenteur comme une instance dialectique née d'une autre instance perdue. Le merveilleux s'oppose à ce qui est machinalement, à ce qui est si bien que cela ne se remarque plus, et c'est ainsi qu'on croit communément que le merveilleux est la négation de la réalité. Cette vue un peu sommaire est conditionnellement acceptable: il est certain que le merveillleux naît du refus d'une réalité, mais aussi du développement d'un nouveau rapport, d'une réalité nouvelle que ce refus a libéré. [...] le rapport qui naît de la négation du réel par le merveilleux est essentiellement de caractère éthique, et le merveilleux est toujours la matérialisation d'un symbole moral en opposition violente avec la morale du monde au milieu duquel il surgit. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 428)
À travers ces siècles terrorisés par la croix et l'enfer, le merveilleux est l'image clinique de la liberté humaine. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 429)
Il appartenait au surréalisme de faire le point du merveilleux en 1930. La poésie moderne est essentiellement athée. C'est dire qu'une tâche, pour elle, est sacrée: la déchristianisation du monde par les moyens qui lui sont propres, et dont, probablement, ce monde sous-estime étrangement l'efficacité. S'attaquer aux symboles n'est pas une entreprise puérile, et peut sans inconvénient passer pour en être une. Il y a lieu d'espérer que partout, fût-ce à l'ombre d'un épouvantail, à la ferronnerie des grilles, une poignée de fanatiques saura faire disparaître toute allusion à la croix infâme, et j'ose croire qu'il se trouvera des ingénieurs voyers pour inventer un moyen que les rues se rencontrent sans se croiser. Tant pis pour les rêves anciens: ceux qui pour s'exprimer durent emprunter l'accent et le prétexte des Jésus-maries, devront être anéantis. Aujourd'hui le plus beau tableau du monde, s'il représente un sujet religieux, m'est incompréhensible en tant que tableau. Le sujet le cache. Je lui préférerai la plus stupide des natures-mortes, la plus morte. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, pp. 430-431)
Ce qui caractérise le miracle, ce qui fait crier au miracle, cette qualité du merveilleux, est sans doute un peu la surprise, comme on a voulu faiblement le signaler. Mais c'est bien plus, dans tous les sens qu'on peut donner à ce mot, un extraordinaire dépaysement. Les morts dépaysés du tombeau, les géants dépaysés par la taille, les sylphes par la légèreté, les roses par la saison. Le miracle est un désordre inattendu, une disproportion surprenante. Et c'est à cet égard qu'il est négation du réel, et qu'il devient une fois accepté miracle, la conciliation du réel et du merveilleux. Le nouveau rapport ainsi établi est la surréalité, mille fois définie, et toujours différemment définissable [...]. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 432)
[...] une occupation singulière [...]. Outre qu'elle met en question la personnalité, le talent, la propriété artistique, et toutes sortes d'autres idées qui chauffaient sans méfiance leurs pieds tranquilles dans les cervelles crétinisées. Je veux parler de ce qu'on appelle pour simplifier le collage [...]. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 433)
On peut imaginer le temps où les problèmes de la peinture, et par exemple ceux qui ont fait le succès du cézannisme, sembleront aussi étranges, aussi anciens que les tourments prosodiques des poètes peuvent dès maintenant paraître. On peut imaginer le temps où les peintres qui ne broyent déjà plus eux-mêmes leurs couleurs trouveront enfantin et indigne d'eux d'étaler eux-mêmes la peinture, et ne reconnaîtront plus à cette touche personnelle qui fait aujourd'hui encore la valeur de leurs tableaux que l'intérêt documentaire du manuscrit, de l'autographe. On peut imaginer le temps où les peintres ne feront même plus étaler par d'autres la couleur, ne dessineront même plus. Le collage nous donne un avant-goût de ce temps-là. Il est certain que l'écriture va vers le même but lointain. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, pp. 436-437)
[Duchamp, Cravan, Picabia instruisent] le procès de la personnalité. [...] Ce qui est maintenant soutenu, c'est la négation de la technique d'une part, comme dans le collage et s'y ajoutant celle de la personnalité technique; le peintre, s'il faut encore l'appeler ainsi, n'est plus lié à son tableau par une mystérieuse parenté physique analogue à la génération. Et l'on voit naître de ces négations une idée affirmative qui est ce qu'on a appelé la personnalité du choix. Un objet manufacturé peut aussi bien être incorporé à un tableau, constituer le tableau à lui seul. [...] On voit que les peintres ici se mettent à employer vraiment les objets comme des mots. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, pp. 437-438)
La peinture n'a pas toujours existé, on peut lui assigner une origine, et on nous rebat assez les oreilles de son développement, de ses périodes d'apogée, pour que nous puissions lui supposer non seulement des déclins passagers, mais une fin comme à tout autre concept. Il n'y aurait absolument rien de changé dans le monde si l'on ne peignait plus, cependant une pareille perspective ne va pas sans alarmer l'esprit de conservation au coeur des amateurs d'art. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, pp. 438-439)
Ce qui importe chez chaque artiste, c'est la découverte qu'il fait au-delà des découvertes antérieures, et dans leur sens [...]. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 440)
[...] l'art a véritablement cessé d'être individuel, même quand l'artiste est un irréductible individualiste [...]. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 441)
La pensée n'est pas un sport. Elle ne peut être le prétexte de petites réussites que récompensent des applaudissements. Elle n'est pas désintéressée. Elle n'est pas le fait d'un homme isolé. Les découvertes de tous entraînent l'évolution de chacun. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 453)
Le merveilleux doit être fait par tous et non point par un seul. (L'OEuvre poétique, t. 2, l. V, p. 454)
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Letzte Änderung - Dernière mise à jour: 28.01.1997
Les citations destinées à illustrer mon commentaire, à mettre le lecteur "au parfum" et à l'inciter à la lecture de l'ouvrage entier sont faites selon le principe du "fair use". Elles ne prétendent en aucune manière rendre compte de tous les aspects de l'oeuvre.
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